L’hybridité

Entre les concepts ou les enjeux sur lesquels ma proposition artistique est tissée, je vais commencer par un paradigme de ma recherche artistique qui constitue son point d’origine : la fracture.  Cette fracture désigne une cassure mais aussi une renaissance, un nouveau point de départ qui ne se base pas sur une fracture, mais plutôt sur une soudure, un recollage des morceaux de mon identité. C’est ce que je définis comme hybride.  Le terme « hybride » renvoie à ce qui appartient à différents domaines, et à ce qui n’a pas d’identité permanente et figée. Quant on parle d’hybridité, il s’agit tout d’abord de l’hybridité des cultures, du métissage, de l’hybridité des matières, de la réalisation, et il y a un autre aspect de cette hybridité du à l’exil. Ma recherche est une acceptation de la différence et du caractère hybride de ma culture, la culture latino-américaine.

            Avec ma réflexion sur l’hybridité, je peux aussi aborder la beauté impure et en conséquence la beauté étrange. La notion d’imperfection est un point de recherche de mon œuvre qui a un lien direct avec la perle baroque qui est amorphe, imparfaite et impure. Cette perle baroque suggère la multitude d'idées qui parcourent la notion d'imperfection gravitant autour de mon œuvre que l’on peut considérer comme impure, et paradoxalement sublime dans son « étrange beauté ». Comme la perle irrégulière, mon travail n’est pas le reflet d’une beauté traditionnelle sous-tendue par l’utilisation d’éléments qui semblent répulsifs.  Comment faire en sorte qu’à partir de quelque chose d’imparfait, qui n’est pas dans les canons de la beauté, nous  puissions être attirés et surpris. Cette perle imparfaite est la source de cette recherche, elle représente un parangon qui désigne  la différence et, de façon plus large, l'hybridité qui se débat avec l'ordre et la classification dans ma recherche plastique.

Qu’est-ce que cela peut représenter de trouver la beauté dans la différence ?  Dans mon cas, il s’agit de faire de l’art avec des matériaux variés, qui sont entre autres, rejetés de notre corps, et qui représentent la mémoire de nous-mêmes. Je trouve la beauté dans les résidus, comme nos cheveux détachés de notre corps et ensuite je les remanie pour trouver la beauté dans les ongles coupés, dans les dépouilles, la peau ou encore les coquillages. Je trouve la beauté dans toutes sortes d’éléments hybrides, manipulés à ma façon comme des puzzles d’un nouveau genre. C’est en quelque sorte trouver la beauté dans la mort et dans son acceptation : un regard d’optimisme et d’espoir vers la mort.